
Peindre l’empreinte des émotions humaines
Tout d’abord, j’invite le public à déclencher une émotion en cliquant sur un bouton en ligne, un geste aussi simple qu’immobile. Ce processus repose sur une réflexion : dans un monde où nous devenons passifs jusque dans nos émotions, préférant cliquer plutôt que ressentir, les sensations humaines se diluent et s’effacent. Ainsi, l’émergence de l’émotion commence par un acte de délégation, où l’on clique pour que je devienne le vecteur de la colère, de la sérénité ou du courage. Pour moi, c’est comme injecter une émotion dans un système endormi, une manière de raviver ce qui s’estompe.
Chaque émotion nécessite un processus de production spécifique, conçu avec rigueur pour en atteindre l’essence la plus pure. Colère, sérénité, courage… chacune de ces émotions se manifeste différemment et exige un rituel précis pour prendre vie. Lorsque l’émotion atteint son apogée, elle modifie notre rayonnement électromagnétique, augmentant l’intensité de la lumière émise par le corps.
C’est cette onde électromagnétique unique que je capte, délicatement, à la surface baryonique d’une puce électronique intégrée à l’œuvre. Cette puce, semblable à une mémoire vivante, enregistre une petite fraction de cette émotion, un fragment infime mais chargé de l’énergie vibrante du moment. Chaque captation fixe une trace de l’émotion produite, saisissant l’intangible pour en faire un fragment durable, une empreinte sensible et précieuse de l’instant vécu.
Une fois l’émotion capturée, elle est intégrée dans une œuvre conçue pour préserver et prolonger son intensité. Cette œuvre prend forme sur une plaque d’aluminium, préalablement équipée d’un circuit imprimé finement réalisé, permettant de connecter la puce électronique au cœur de l’œuvre. Ce circuit, invisible sous la surface, agit comme un lien entre l’émotion capturée et sa matérialisation.
Sur cette plaque d’aluminium, j’applique de l’acrylique et de la résine époxy pour protéger et sceller l’émotion dans la matière. La peinture elle-même est bien plus qu’une simple surface : elle est une interprétation visuelle d’une information unique. Chaque œuvre est liée à un enregistrement dans la blockchain – une empreinte numérique, sous la forme d’une vidéo, qui consigne l’émotion. Le Hash de cet enregistrement devient une source d’inspiration, un code que je transpose en nuances, en textures et en formes picturales.
En quelque sorte, je peins une information, transformant des données numériques en une interprétation tangible et visuelle. Ainsi, chaque œuvre devient un fragment d’émotion figé dans la matière, où peinture et technologie se mêlent pour offrir une expérience visuelle unique et chargée de sens